'Caught between past and present, lie and truth ☆ Eoria

Rêveuse infante aux songes enivrants, la réalité était de ces faits lui échappant en une aisance décadente. Égarée en ses pensées alambiquées - une fois de plus, ses prunelles étaient rivées sur l'une des fenêtres de la pièce commune de son dortoir - éclat des astres célestes illuminant pudiquement le ciel se reflétant en ses azurs. « T'étais pas censée retrouver quelqu'un 'Ria ?» Interrogation dissidente de l'une de ses colocataires - Aileen, extirpant l'angelot de son imaginaire pervertit, impromptu rappel à l'ordre tandis que le regard se porte sur l'horloge accroché au mur. En retard, une fois de plus, par omission du rendez-vous convenu. « Oh si. J'avais oubliée.» Poupée se redressant fugacement afin de quitter hâtivement la chambrée - sous le regard mi-exaspéré mi-amusé de son amie. « Oublie pas de t'excuser de ton retard !» Hurlé à la volé tandis que la porte claque, demoiselle tentant d’atténuer le retard déjà à son affectif - environ cinq ou dix minutes il lui semblait. Éternelle retardataire happée par une réalité fictive tronquée qui lui était plus plaisante que la sordide réalité coutumière.

Marches gravit aisément par l'habitude déroutante - terrasse charmante pour lieu probablement favoris de l'école. Terrasse de laquelle la voûte céleste pouvait être observé à loisir, dotée d'une vue saisissant sur l'ensemble de la ville de Magix ainsi que des deux autres écoles - Alféa et Fontaine Rouge. Froid de décembre mordant la peau de porcelaine de l'étoile, son attention qui aurait dut aussitôt se porter sur la silhouette se dessinant à l'horizon, se voit happé par les flocons déchu du ciel. Douce bénédiction accompagnant l'hiver dont la sorcière savourait la beauté sulfureuse pour l'une des premières fois seulement - neige absente des contrées de Solaria. « C'est beau. On dirait des fragments d'étoiles gelés qui s'échappent du ciel - ça n'arrive jamais sur Solaria, c'est dommage.» L'air rêveur, tonalité légère tandis que les pas conduisent aux côtés de la pauvre fée qu'elle avait fait attendre. Eos. Inconnue aux airs familiers se révélant être amie d'antan - lors des jeunes années, rares moments partagés lorsqu'elles étaient enfant encore, sur Solaria. L'amitié qui avait été belle, éphémère mais saisissante - souvenirs peut-être magnifié par les songes vicieux de la poupée, qui toujours lui arrachait l'ombre d'un sourire lorsqu'elle daignait ressasser ces quelques moments volées aux côtés de Chimera ainsi que d'Eos. Azur admirant le splendide déluge hivernale alors qu'elle se trouvait enfin aux côtés de l'amie perdue finalement retrouvée - si elle pouvait considérer les choses ainsi ? Concours de circonstances douteux ayant conduit à leurs retrouvailles - bal macabre lors duquel elles s'étaient entraidées, sans se connaître ni même se reconnaître, allié par le désir de protéger autrui du drame prenant vie - vie happé par la mort qui s'était imposé au sein du lieu féerique, sinistre fait ayant entrainée la disparition soudaine de la poupée - accablée par les voix tonitruantes, malédiction éreintante. « Oh, Aileen m'a dit que je devais m'excuser de mon retard.» Rappel soudain de la mémoire joueuse, regard se détachant du ciel afin de se poser sur les traits de la fée. «Désolée de t'avoir fait attendre.» Excuses présentées pas vraiment formelles ni même correcte, teinté d'une sincérité à demi-ressentit - elle s'excusait car on lui avait dit, insensible à ce concept faisant que Macaria ne saisissait pas réellement l'utilité d'énoncer ces quelques mots. Infante du monde à part de ce monde.

Déluge hivernale captivant, innocent mystère fascinant pour l'angelot qui n'était encore que trop peu habituée à ce phénomène qu'était la neige - ce n'était que la seconde année qu'elle pouvait admirer cette floraison des cieux hivernaux. Inconsciemment, de multiples questions muettes accaparant ses songes; d'où cela provenait-il ? Était-ce de la magie ? Pourquoi cela ne se produisait-il qu'en hiver ? Pouvait-elle espérer parvenir à en capturer un et le conserver tant que cela lui plairait, tant que cela la ferait rêver ? Infante rêveuse intriguée par les plus simples aspects de la vie, tandis qu'elle rejetait candidement ceux plus complexes. Visage poupin relevée en direction de la voûte céleste, regard ne parvenant à se défaire de cet immaculé ballet envoûtant. Pensées vagabondant en un tout autre univers, s’imaginent quelques récits fantaisistes mêlant flocons et étoiles, astres polaires et astres solaires. L'art d'imaginer un tout à partir d'un rien.

« Ah oui ?» Innocent intérêt porté à la confidence de la fée des ombres, avouant que la première fois qu'il lui avait été donné d'admirer la déchéance de quelques flocons enneigés, elle avait été ingérable. Poupée s'interrogeant sur ce que pouvait signifier ce dit mot : ingérable. Une entreprise se gérait, un projet également, mais un être vivant ? Elle n'en savait que trop rien. « Je crois que je suis tombée, le premier hiver où j'ai pu voir de la neige.» Premier hiver remontant à celui dernier, celui de sa première année au sein des murs de Tour Nuage. Il lui semblait vaguement se souvenir d'avoir finit les fesses sur la glace, alors qu'Alessia - amie et colocataire, avait invité Aileen et Macaria à patiner alors que la neige se détachaient encore des cieux. Traits enfantins dessinés par une indifférence redondante, seule la façon qu'avait l'angelot de pencher son visage sur sa gauche trahissait le sérieux de sa précédente interrogation ainsi que de sa réflexion. Déroutante poupée.

Azurs semblable à celles de son père, teintées des mêmes discrètes nuances célestes qu'Haelios, noyées au sein d'une étendue métaphorique au bleu d'une pureté éclatante; accrochant de nouveau la voûte céleste, son attention déviait, à la sorcière. Parvenait à être saisit, un instant, avant de vous échapper celui d'après. Inconstante et surprenante, considérant que trop peu cette réalité, ce monde qui s'offrait à elle. Rêveuse idéaliste se préférant à s'emmurer au sein d'un univers intangible faussé et erronée, trompeur mais salvateur, préservant cette insolente innocence candide dont les années n'avait sut la priver. Inconsciente protection, instinct de survit exacerbée depuis l'enfance sans qu'aucun de ses proches n'ait sut saisir la nature de ses agissements - rêver pour apprivoiser le cauchemar, s'échapper pour ne pas se retrouver prisonnière.

Ne t'excuses pas. Unique directive troublante détachant le petit ange de sa contemplation passionnée des quelques étoiles illuminant les cieux. « Pourquoi Aileen m'a dit de m'excuser si ça n'en vaut pas la peine ?» Si les traits poupins demeurent inexpressif - véritable fascié digne d'une poupée de porcelaine, tant par la finesse candide de son visage que par son inexpressivité figé; ses pensées, elles, fusent. Tente de saisir ce qui rendait valable ou non des excuses. Utilité lui échappant. Quelle était l'utilité même des excuses ? « Je ne comprends pas.» Avoua-t-elle finalement, sans honte aucune. Ce concept lui était étranger malgré sa familiarité. Voilà pourtant qu'il surgissait une nouvelle fois au sein de l'échange, amie d'enfance s'excusant de ne pas avoir reconnu l'étoile lors du bal chaotique. « Pourquoi tu t'excuses ?» Sincérité déroutante. Il ne s'agissait pas de ces formulations ayant pour utilité de signifier à Eos que ses excuses étaient acceptés et peu utiles. Non. L'interrogation sur la raison de cette manie à s'excuser était réelle, digne de l'incompréhension d'un enfant - car elle ne demeurait qu'une grande enfant se refusant à grandir, Macaria.

Mots filant semblable à des étoiles, l'angelot n'en écoute certains qu'à demi, en loupe quelques uns et se saisit enfin du sens des autres. Si certaines sorcières s'offusqueraient d'ainsi se trouver aux côtés d'une fée, tandis que d'autres la tourmenteraient, la poupée, elle, s'y fait indifférente. Se sent à sa place, aux côtés d'Eos, sur cette terrasse à la vue saisissant magnifiée par la neige teintant le paysage d'un blanc immaculé, malgré le froid de décembre mordant sa peau de porcelaine.  me et cœur pour unique préoccupation, l'aspiration future ainsi que le groupuscule au sein duquel un tiers se range ne l'intéresse que trop peu - encore une fois, bien incapable de comprendre la haine que pouvait engendrer la différence. Elle en avait pourtant fait les frais, l'ensemble de sa scolarité au sein du collège de Solaria. Jusqu'à douter et profaner sa déviante différence; ce qui la rendait unique. Puis sa mère l'avait rassurée, apaiser, confier quelques mots que Macaria avait magnifié afin qu'en son monde, la différence soit vertu d'un tout. L'art de tronquer une réalité insoutenable.

Amie d'antan dont les interrogations se portent sur le bal ainsi que la façon dont l'angelot s'en était acquitté, il lui faut quelques instants pour que les détails accaparent ses songes. Théâtre cauchemardesque, si les instants aux côtés d'Eos avait été d'une aisance déconcertante, enivrant les sombres instants d'un éclat insolent, la sorcière avait déchanté lorsque la mort se mêla à l'ensemble funeste, ravivant le fléau de sa malédiction d'une de ces fougues inhabituelles que la poupée ne savait contrôler, apprivoiser. « J'ai pu quitté les lieux sans trop de soucis avec un petit groupe d'élèves, je n'avais que quelques blessures superficielles.» Pour succincte réponse frôlant l'impersonnel - qu'avait-elle à dire de plus ? Insensible aux possibles interrogations sous-entendus par celles énoncées. « Et toi, ça a été ? Elle criait beaucoup, te hurlais dessus, mais tu n'avais pas l'air de l'écouter.» Elle, ce fantôme, cette âme, qui s'était entichée d'Eos. Ava. Incapable de la nommer ni même de distinguer les mots qu'elle énonçait lors du bal, tout ce que l'étoile en avait retenue était sa voix, ses cris. Stridents, perçants. Suintant la rage et l’amertume, l'horreur et la douleur; le tristesse colérique tourmenté. Sorcière évoquant la mort comme on sanctifiait la vie.

Attention fugace de nouveau portée sur le ciel étoilé, sur cette toile scintillante qu'elle admirait chaque soir - sur ce tableau d'où elle tirait sa magie. « Tu vois, là haut ? C'est la constellation d'Orion. On ne peut la voir qu'en hiver. Comme la neige.» Ensemble de corps célestes pointé du doigt, le ton des mots de la poupée est léger - passion faisant pourtant vibrer l'ensemble, se scindant des mots précédemment énoncés. Désir de partager ce qui fait vibrer son essence avec l'amie retrouvée. Sujet changeant, sans que la brune ne s'en soucie. Elle parle comme les mots et les maux lui viennent.

« Et maintenant, tu as compris ce que c'était ?» Interrogation filante, à l'image de ses pensées semblable à ces étoiles se mourant - insaisissables, immuables. Mots teintés d'une innocence déroutante; révoltante pour ceux abimé et écorché, désireux de subtiliser à l'angelot cette éclat particulier berçant ses nuits. Attendrissante pour d'autres, ceux inconscients et ceux peux conscient; n'y voyant là qu'une doucereuse bénédiction, aveugle à la perfide mascarade que d'ainsi ignorer la réalité. Une réalité qui la rattraperait, tôt ou tard, et la briserait.

Car moi, je n'ai toujours pas compris ce que c'était. Aveu implicite, aveu tacite. Ne parvenant à saisir les subtilités du climat permettant la création de ces fragments d'étoiles immaculés. Elle ne comprenait pas, mais leur portait une affection déroutante. Car elle n'avait pas besoin de comprendre pour aimer, Macaria. Cœur épuré, l'affection qu'elle portait en une simplicité effronté. Pensées enivré par la simplicité de ce qui l'entoure, l'ensemble perdant de son charme dès lors qu'on tente de lui expliquer les subtilités d'un tout et d'un rien, désintéressée par tout ce qui est trop compliquée. A l'image de la vie. La vie était compliquée, trop compliquée; invitant l'angelot à s'y désintéressé au profit de la mort à la simplicité enivrante.

« Des anges de neiges ?» Traits poupins demeurant figé sous l'indifférence, le visage du petit ange cédant une nouvelle fois à la gravité gauchère trahit sa nouvelle interrogation, son éternelle incompréhension. « Qu'est-ce que c'est ?» Elle questionne la fée des ombres, encore. Requête implicite d'éclairer ces quelques étoiles demeurant éteintes au sein de ses réflexions, de sa compréhension. Elle la questionne beaucoup, Eos. Sorcière qui, inconsciemment, lui accorde suffisamment sa confiance afin de ne pas envisager de remettre un seul instant le moindre de ses mots en doute - demoiselle ne remettant jamais en doute la parole d'autrui. Elle la questionne beaucoup, son amie d'enfance qui semble savoir tellement de chose. Tellement plus de choses qu'elle. Ça l'intrigue et la fascine - un instant, avant qu'elle ne s'en lasse et l'oublie celui suivant. « Les souvenirs sont souvent beaux.» Affirmation innocente. « Peut-être car on ne garde que les plus beaux.» Moi, en tout cas, je ne garde que les plus beaux - ignorants que tous ceux qu'elle détenait était factice, pervertit par celle qu'elle appelait mère.

« C'est ennuyant la politesse. Comme les incantations.» Aveu claquant, aveu resplendissant. Ennuie qu'elle prêtait aisément à toute chose un peu trop précise, un peu trop concise - quel intérêt de savoir comment transformer un garçon en crapaud ? Ou un rouge à lèvre en serpent ? C'était ennuyant. « Je n'arrive jamais en retard en cours. Enfin, presque... Je crois.» Incertitude quant à sa ponctualité dépendant uniquement de la présence de ses colocataires - shallow trinity qu'elles formaient. « Aileen et Alessia me rappellent toujours lorsqu'on a cours. Ou que j'ai quelque chose de prévu.»

Azurs valsant près des astres célestes, les dires d'Eos lui parviennent à demi-mot. Elle entend sans réellement comprendre. Je ne veux pas que tu penses que je t’avais oublié. Il y a en ces mots une sensibilité qui la dépasse, une sensibilité rythmant son palpitant d'un tempo, sans même qu'elle n'en ait conscience - s'accordant à celui de l'amie d'enfance retrouvée, s'accordant à ce désir qui lui échappe. « Je ne penses pas ça.» Quand bien même tu m'aurais oubliée, en quoi cela aurait-il été grave ? Silencieuse réfléxion, poupée aux sentiments filant, s'attachant éphémèrement; un temps, seulement. Le temps que la personne à ses côtés veuille bien d'elle, le temps que l'âme à ses côtés parvienne à la supporter. « Même si ça avait été le cas, que tu m'aurais oubliée, ça ne m'aurait pas dérangée tu sais.» Même si moi aussi j'ai chéris nos souvenirs partagés. Regard épousant un instant celui de l'amie d'antan, déviant de nouveau sur le fardeau d'Atlas. « Ça fait partie de la vie, de s’attacher, d'oublier; les gens vont et viennent.» Peut-être étais-ce pour ça qu'elle avait cédée à la douceur de la mort. Car sous son règne, tout était éternel, toute âme lui appartenait à jamais. En son royaume, l'abandon était une chimère étrangère.

« Ils sont beaux, nos souvenirs.» Rires d'un passé révolu résonnant encore au creux de ses pensées, sourires échangés rayonnant de l'éclat de leur innocence. L'aveu qu'elle s'y était accrochée, à ces souvenirs, qu'elle les avaient ressassées. Qu'elle n'avait pas oubliée Eos, jamais.

Intérêt se portant ci et là, l'échange fluctue et est diffus. Mais elle n'en a que faire, l'étoile. Prête ses mots habituellement rares, ainsi que sa maigre attention à Eos en une nostalgie plaisante. Elle aime le son de sa voix, la tonalité de ses phrases, la façon qu'elle a d'échanger avec elle. C'est simple, c'est apaisant. Elle n'a pas à s'inquiéter, à surveiller ses mots comme d'autre le lui implore. Elle n'est qu'elle, elles ne sont qu'elles en une simplicité  déroutante.

Simplicité que l'angelot entaille, mots après maux, inconsciemment, irrémédiablement. Bal. Consones valsant près des lèvres, ses souvenirs sont vagues - ne se précisent que lorsqu'elle daigne y prêter un réel intérêt, seulement car Eos le lui demande - seulement pour elle, pour cette amie retrouvée. Vérité que l'amante des cieux énonce en une aisance insultante. La vérité tût, la vérité qui tue. De…de qui tu parles ? En un vice qui lui échappe, elle sent ses lèvres se sceller, une crainte tétanisante lui implorer de ne rien dire, de ne pas prêter attention à ce prénom que lui murmure cette ombre vengeresse - supplique de la terreur d'Eos. « D'Avada.» La vérité damnée énoncée en une indifférence insolente. L'affront maudit que d'oser donner vie à celle qui n'est plus qu'une âme vengeresse. L'affront inconscient et innocent.

Familière de trop avec ses âmes dérobés à la vie par la faucheuse resplendissante pour se saisir de la douleur, de l'horreur, que peut éveiller et réveiller un simple nom, un unique prénom; les réflexions de la poupée s'égarent de nouveau. Scintillant ci et là en des intérêts confus. « Tu connais lesquels ?» Prunelles luisantes, prunelles brillantes - passionnée. Étoiles captivantes, étoiles enivrantes, aux mots d'Eos, les azurs de la sorcière épousent de nouveau les siennes - ou tout du moins, essayent. Aveugle à l'ouragan qu'elle venait d'éveillée en son sein, au cauchemar qu'elle venait de ravivé.  « Ophiuchus. Sa légende m'aide souvent à dormir.» Réminiscences inconscientes d'une vie d'antan. Glas d'une ignorance qu'elle sonne et qui résonne. Fondations d'un tout qu'elle ébranle - d'un mensonge, d'une sérénité, d'une famille.